Jacques IV de Gouyon Matignon, futur Jacques Grimaldi, prince de Monaco, est le personnage le plus important de la famille Gouyon Matignon. Né en novembre 1689 au château de Torigni en Normandie, il meurt en avril 1751, hôtel de Matignon, rue de Varenne à Paris (acheté en 1723 par son père, Jacques III de Gouyon Matignon, qui habitait auparavant l’hôtel de Matignon de la rue de l’Université à Paris), aujourd’hui résidence du Premier ministre.
Il est le fils de Jacques III de Gouyon Matignon (1644-1725) et Charlotte de Gouyon Matignon, à la fois sa mère et sa cousine germaine. Jacques III, père du futur prince de Monaco, est apprécié de certains (il est le favori du duc de Bourgogne Louis de France, père du roi Louis XV) et détesté d’autres (la duchesse de Nemours, nous rapporte Saint-Simon, « crachait six fois lorsqu’elle voyait passer un Matignon »). À la différence de ses ancêtres, qui depuis la fin du quinzième siècle portaient davantage Matignon, Jacques III choisit de porter Gouyon.
Jacques III est titré sire de Matignon et de La Roche Goyon, seigneur du duché d’Estouteville, comte de Thorigny, baron de Saint-Lô et de Hambye ; il est l’un de ceux qui portent les honneurs au sacre de Louis XV en octobre 1722. Politiquement habile, alors qu’il tenta à deux reprises, en 1708 et 1713, de relever au profit des Gouyon Matignon le titre de prince de Neufchâtel puis, celui de duc d’Estouteville et la pairie qui lui était attachée, il réussit in extremis à marier son fils Jacques IV à la princesse de Monaco Louise-Hippolyte Grimaldi.
Les Grimaldi, dont la filiation suivie remonte à Otto Canella (1133), tirent leur origine de Gênes (Italie). Probablement comme pour Gouyon, pouvant signifier « fils de Guy », le nom Grimaldi vient de Grimaldo Canella, fils d’Otto, qui donna son prénom comme nom à sa descendance. En janvier 1297, Francesco Grimaldi, Malizia, prend le château de Monaco. En 1512, le roi Louis XII reconnaît l’indépendance de Monaco et un siècle plus tard, en 1612, Honoré II abandonne le titre de seigneur de Monaco au profit de celui de prince de Monaco.
Au début du dix-huitième siècle, le prince Antoine Grimaldi, arrière-petit-fils du prince Honoré II, n’a pas de fils légitime ; il doit donc marier l’une de ses six filles, Louise-Hippolyte, à un homme qui acceptera de perdre son nom et ses armes (« annulant » son identité) au profit de celui et celles des Grimaldi. En effet, dans le droit successoral monégasque, d’après la tradition génoise, une femme peut transmettre la souveraineté et régner à condition que son époux prenne nom et armes des Grimaldi.
C’est ce que fit, avec l’approbation de Louis XIV, Jacques IV de Gouyon Matignon, alors l’une des plus grandes fortunes de France, en épousant la princesse Louise-Hippolyte de Monaco le 20 octobre 1715, devenant ainsi Jacques I Grimaldi. En 1731, au décès de son épouse Louise-Hippolyte, il devient prince de Monaco. Le prince Honoré III, l’un de ses six enfants, sera, en 1793, sous la Convention nationale, appelé « citoyen Honoré Goyon ».
Le brevet signé par Louis XIV précise : « Par les alliances illustres […], le Comte de Thorigny a l’honneur d’être issu en droite ligne des Maisons de Châlons, de Bourgogne, de Hochberg, d’Orléans-Longueville, de Rohan, d’Estouteville, de Luxembourg, de Bretagne, de Savoye et de Bourbon. Jacques, Comte de Matignon, son père étant arrière-petit-fils de Marie de Bourbon, fille de François de Bourbon, Prince du Sang de France, oncle d’Antoine de Bourbon, Roy de Navarre, Duc de Vendôme et Prince de Béarn, père du roy Henry IV ».
Les Gouyon Matignon se maintinrent sur le trône monégasque de 1731 à 1949 ; aujourd’hui, ce sont les Polignac, sous nom et armes Grimaldi, qui règnent. Les Gouyon de Pontouraude, branche cadette de la famille Gouyon Matignon, devenus Gouyon Matignon de Pontouraude en septembre 1921, continuent d’entretenir des liens avec les Grimaldi et notamment, Son Altesse Sérénissime Albert II, Prince Souverain de Monaco.